jeudi 22 septembre 2011

La goutte d'eau

On les entend, tous les jours, depuis qu'on est petit(e).

Il y a celles qui vous rangent dans des cases.
« Ah non, pas de poupée, c'est un garçon, n'en fais pas un homo ! »
« Les garons, ça ne pleure pas ! »
« Les petites filles ne jouent pas au ballon. »

Il y celles qui vous insultent.
« Les femmes ne s'intéressent qu'à l'argent »
« Les femmes sont des pestes entre elles »
« Eh mademoiselle, c'est combien ? »

Il y a celles qui sont indiscrètes.
« Madame ou mademoiselle ? »

Il y aussi, celles, plus graves, qui minimisent les violences.
« Elle est laide, impossible qu'il l'ait violée ».
« Elle est habillée comme une pute ! »

Ces phrases, on les entend tellement qu'on ne les entend plus, ou à peine, comme une petite voix irritante.

Et puis il y a les comportements. La familiarité de la part d'inconnus, le paternalisme, les soirées chez des amis où les filles sont systématiquement à la cuisine, les serveurs qui amènent l'addition ou font goûter le vin à monsieur, les tâches ménagères laissées aux femmes...

Surtout, enfin, il y a les faits. Les 75 000 femmes violées chaque année dont la plupart se tait, les 27% d'écart de salaires entre hommes et femmes, les 85% des travailleurs précaires qui sont des femmes, le plafond de verre , les 80% de tâches ménagères effectuées par les femmes, la faible représentativité à l'assemblée nationale, dans les conseils d'administration d'entreprises, malgré un plus grand nombre de diplômes...

Et un jour vient la goutte d'eau. L'ultime goutte d'eau, celle qui fait déborder le vase, qui déverse tout ce qui avait été encaissé jusque là. Mais qu'on ne peut plus retenir.

Ce blog est le fruit de cette goutte d'eau. C'est l'expression d'un ras-le-bol devant le traitement réservé aux femmes dans le monde, mais également dans notre société française (celle-là même qui voudrait nous interdire de revendiquer nos droits, parce que nous aurions soit-disant « déjà tout gagné ») ; d'un ras-le-bol aussi devant la pression que la société nous inflige pour nous déterminer en fonction de nos sexes et nous faire rentrer dans des moules correspondant à l'idée qu'elle se fait de ce qu'est un « homme » et une « femme ».

Ce n'est ni plus ni moins qu'un modeste outil de réflexion et de veille sur les inégalités basées sur le sexe dans nos sociétés.

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